top of page

J’ai compté les flocons,

Ils étaient des millions

Et la terre qui était ronde

Les tenait dans sa ronde

Et ensemble ils dansaient

Et ensemble ils s’aimaient.

Malgré leurs bras trop courts

C’était bien de l’amour.

J’ai compté les flocons

Ils étaient des millions

Ils étaient si troublants

A être ainsi les mêmes

A combler les trous blancs

De ce bout de poème.

D’abord je suis née.

J’ai tenu dans mes mains

Ce petit point de vie

Pas plus gros que le point

D’une tête d’aiguille.

Je l’ai plus que veillé,

Mis à l’abri du vent.

Je l’ai un peu caché

Comme pour empêcher

Qu’on vole sa merveille.

 

Ensuite j’ai grandi.

Je tenais dans mes bras

Le petit bout de vie

Qui ouvrait grand ses yeux,

Qui guettait ça et là,

Qui attrapait au vol

Quelques miettes d’amour.

Engourdi d’inquiétude,

Il ne décollait pas

Sa tête de mon cou

En souriant de loin

A ceux qui en passant

Lui posaient un câlin.

 

Et après j’ai vécu.

Femme aux 3000 bras,

A mon tour j’ai posé

Des enfants ici bas.

Partout, ici, là-bas,

Je tenais contre moi

Ce petit bout de vie

Qui grelottait de froid.

On réchauffait sans fin,

Sans même le savoir

Cet infini chagrin

Qui coulait sur sa peau,

Comme un ruisseau d’eau froide

Fait tourner un moulin.

 

Aujourd’hui, je le sais,

Aujourd’hui je le dis,

Je ne porte plus la vie,

C’est elle qui me tient.

Elle me dépasse bien,

Me roule en galipettes,

Me jette dans sa joie,

Me rattrape en frissons

Juste avant les buissons

Qui me feraient tomber.

Elle me chocolate,

Elle m’éclate de rires,

Elle me stylo plume,

Elle guitare mes doigts

Et me visite le ciel,

Le temps et le silence.

Elle pèse de tout son poids

Sur le gris du chagrin.

Elle trempe tous ses doigts

Dans ma peinture du jour.

Elle me relie à toi

Qui pourtant n’es pas là.

Elle me roule, me malaxe,

Elle me rhumatisme

En me faisant sentir

Que mon corps est vivant.

 

Je ne porte plus la vie,

C’est elle qui me tient.

Et moi émerveillée

Par tout ce mouvement,

Je me laisse tomber

Sur son tapis de mousse.

Enlacées de chatouilles

Et saoules de roulades,

Serrées l’une contre l’autre

On dévale les jours.

On se cogne, on dévie,

On n’sait plus où l’on est,

On tourne de la tête,

On se trempe de rosée,

On dégouline de pluie,

On tache nos habits,

On n’avance pas très droit

Mais le nez dans nos cous,

Qu’est-ce qu’on peut en rire !

Mais ce corps au soleil,

Qu’est-ce qu’on peut y cuire !

Mais les yeux dans la nuit,

Qu’est-ce qu’on peut y voir !

Mais nos dos contre un arbre,

Qu’est-ce qu’on peut aimer !

 

Je ne porte plus la vie,

C’est elle qui m’emporte

Sur ses chemins de vent.

Je suis comme une voile

Eperdue de désir

J’avance, enfin j’avance

Dans les bras de la vie.

Ta peau

​​

Ta peau.

Un grain

Aussi petit que les nuages

Toi, pile sous mon doigts

Moi qui touche ta face

Qui effleure à peine

Et qui tangue

Sur la langue de nos océans intérieurs.

 

Ta peau

Un grain

Une pluie noire

De beauté parfumée

 

Ta peau

Qui te contient

Met des limites à mon destin

Pour éviter que je m’écoule

Jusqu’aux confins de tes chagrins

 

Ta peau

Ce grain

De douceur sous mes mains

Je m’y sens comme sur mon chemin

Comme une pierre

Qui roule

Sur ta mousse

 

Ta peau

Comme un tableau

Comme le pacifique

Qui contient ses rugissants

Que j’apprends à passer

Secouée

Eprouvée

Ballotée

Et vivante

 

Ta peau

Sur ma joue

Vanille et réglisse

Cuir et fauve

J’en aime le sauvage

Qui poivre mes narines

Concentré de saveurs

Aux merveilles mutines

 

Ta peau

Juste ta peau

Ce bout de toi

Que je ne touche pas

Qui me frémit quand même

 

Ta peau caresse

Ta peau promesse

Ta peau papillon d’aile

Ta peau poussière d’amour qui vole

Ta peau serrure

Ta peau poisson

Peau confiture

Et peau glaçons

Parchemin du siècle de ta vie

J’y déchiffre son écriture

J’y traverse ses ratures

J’y décèle tous ses chagrins

Et j’y prends pied

Pour nous plonger dans nos vagues d’azur

Toutes en résistance et en joie

Arc boutée sur ma blessure. .

Textes

 

Ta vie là-haut

 

1. C’est ton anniversaire, j’en profite pour jeter

Un œil dans l’enveloppe où la mort t’a glissée

Je lance dans les nues tous mes mots en pétales,

Et j’écoute l’écho de leur lente cavale

     Dis moi, ça monte comment pour arriver chez toi ?

     Donnes-tu sur l’horizon ? Est-ce que t’entends ma voix ?

     Fais-tu gaffe quand tu rentres aux lampadaires d’étoiles

     Qui lâchent sur ton chemin leurs lumières boréales ?

 

2. Je glisse un peu mon pied dans la porte des cieux,

Aujourd’hui, je peux bien, je t’envoie tous mes vœux,

Des bouts de chocolat, et un gros pull tout bleu,

Mes poèmes à 3 sous, mon chagrin nébuleux.

     J’ai bricolé pour toi un char céleste à voiles,

     Tu le reconnaîtras, il est bien sûr bancal 

     Convoque tous les vents de ton grand Nord astral

     Je veux sentir encore comment ton rire dévale !

 

3. T’as quel âge aujourd’hui ? Y’a que moi qui vieillis ?

Est-ce que t’as un voisin qui’a pensé aux bougies ?

Est-ce que t’as pu payer en monnaie de poète

Les anges et leurs trompettes pour égayer ta fête ?

     Et moi de mon coté, j’ai bu à ta santé,

     Avec Jean-Sébastien qui s’est pas fait prier

     J’ai gaiement pataugé en jouant ta sicilienne,

     Et puis on s’est saoûlés, moi j’voulais qu’tu reviennes !

 

4. C’est ton anniversaire au bout d’mon télescope

J’en profite pour glisser au fond de l’enveloppe

Mes questions de papier, un silence de jour,

Le parchemin du manque, l’organdi d’mon amour

     C’est mon copain Pégase qui fera le facteur

     Il emporte sur ses ailes des morceaux de mon cœur

     Si t’es là quand il passe, vous pourrez faire la course

     Je compte jusqu’à mille, l’premier à la grande ourse !

 

5. Je guette dans ma nuit ta queue d’étoile filante

Et j’imagine la vie que là-haut tu inventes…

Moque toi de la nuit

 

Moque toi de la nuit.

Montre, montre-la du doigt

Avec sa grande gueule

Et son manteau de pluie,

Maintiens-la hors de toi.

Qu’elle te tourne autour,

Qu’elle tente de t’approcher,

Qu’elle te fouille les poches,

Qu’elle t’envoie dans la gueule

Toute sa mauvaise haleine,

Qu’elle susurre à ton front

Tous ses chants de sirène,

Moque toi de la nuit.

 

Montre, montre-la du doigt,

Ne la lâche pas des yeux

Tourne, tourne tant que tu peux

Tourne tout autour de toi

Puisqu’elle se trouve partout,

Assise sur tes genoux,

Son écharpe d’étoiles

Qui vient délicatement

S’enrouler à ton cou

En tentant de serrer.

Tiens-la à bout de doigt.

Laisse, laisse parler l’effroi,

Il ne te concerne pas,

Il ne te voit même pas,

Il s’affole de lui-même

Sans voir où mettre ses pieds,

Il ne sait même plus

Comment il peut s’appeler.

 

Montre, montre-la du doigt,

Ne baisse pas les yeux,

Moque toi de la nuit,

De tous ses bruits d’enfance,

De tout son grand silence,

De tout c’que tu y vois

Que d’autres ne voient pas.

De ses pas d’escargot

Pour monter sur ton dos.

Ne la laisse pas entrer,

Laisse la hors de toi,

Là où elle doit être.

 

Moque toi de la nuit,

Rigole à ses caprices

Qui parfois réussissent

A t’empêcher d’dormir.

Rigole quand ses promesses

De caresser tes fesses

Ne sont même pas tenues,

Et te laissent toute nue

Perdue dans tes beaux draps.

Rigole de ses histoires

Qu’elle sait si bien mentir

Qu’elle replante chaque soir

Au cœur de tes souvenirs.

 

Montre, montre-la du doigt,

Moque toi de la nuit.

Balaie d’un coup de manche

Ses histoires du dimanche,

Toutes ses promesses de jouir,

Tout ce qu’elle veut cacher,

Ce qu’elle ne veut pas dire.

Efface de son tableau

Le charme de ses secrets

Qui pleurent des larmes blanches.

Efface à coups d’éponge

La couleur qui te ronge

Au chagrin de tes songes.

 

Montre, montre-la du doigt

Ne la lâche pas des yeux,

Tiens bon, elle va passer

C’est sûr elle va finir,

C’est sûr, elle va partir.

 

Moque toi de la nuit,

Qu’elle ne vienne pas en toi,

Ne la laisse pas entrer.

Il suffira d’un coup,

D’épaule de belle aurore

Pour qu’elle s’avoue vaincue.

Lors ce sera ton tour,

Lors tu pourras lâcher,

Lors tu pourras t’ouvrir

A ce premier rayon

Tout perclus de lumière.

 

Moque toi de la nuit

Regarde, tu es en vie

Regarde, tu es en joie.

Comme la feuille qui frémit

Tu choisis la lumière,

Tu choisis l’arbre vert,

Moque toi de la nuit,

Et de son temps qui bat,

Toi tu as des racines,

Elle, elle n’en a pas.

Sur le fil de ma vie

          Une boule ronde en équilibre

                    Mon amour

Les flocons de la nuit 

 

Les flocons de la nuit sont ils blancs, sont ils gris ?

Et quand je les avale, poussent-ils de petits cris ?

 

Les flocons du matin aiment-ils le goût du pain ?

Trempent-ils leurs 2 pieds dans mes bols de café ?

 

Tous mes flocons d’amour se perdent-ils dans les jours ?

Couvrent ils les chemins qui me mènent à demain ?

 

Les flocons de mon cœur ont ils froid, ont-ils peur ?

Portent-ils en écharpe des mots d’amour douceur ?

 

Les flocons de ton corps sont-ils là, sont ils morts ?

Ont-ils déjà fondu au premier coin de rue ?

 

Mes flocons de sommeil ont-ils peur du soleil ?

Et lorsque je m’endors, ont-ils peur de la mort ?

 

Les flocons de ma vie sont-ils grands ou petits ?

Est-ce que c’est eux qui tombent ou bien moi qui grandis ?

 

Les flocons de mes yeux ont-ils un cœur pour 2 ?

Et ceux de mes oreilles aiment ils les notes bleues ?

 

Les flocons du désir tremblent-ils quand ils respirent ?

Et sont-ils si joyeux qu’on les croit amoureux ?

 

Et les flocons de neige et leur poids de coton,

La vie qui se déguise en fleurs de papillons ?

Je suis la roche dure

Battue par l’océan.

C’est l’eau qui me malaxe,

Qui pose sur mon corps

Ses doigts durs et d’acier.

Tous ses assauts de froid,

Ses colères de titan

Viennent mourir sur moi

Brisés dans leurs élans.

 

Je suis la roche dure

Et j’ai un cœur qui bat.

Je regarde sans cesse

Tout ce qui s’offre à moi.

Je ressens les caresses

Même celles du vent.

Mon ventre est palpitant,

Je garde la mémoire

De l’humanité noire

Et de tout le vivant.

 

Je suis la roche dure,

Mes yeux sont pleins de gris.

C’est la vie, c’est la brise

Qui toutes deux m’ont pétrie.

Et j’offre à qui les voit

Mes ventres d’éléphants,

Mes pattes de crapauds

Ou le vol des oiseaux.

 

Je suis la roche dure

Et j’ai l’éternité

Pour entendre les étoiles

S’éteindre en souriant.

Les cailloux de passage

Me frôlent en rêvant.

Ils envient l’immobile

Qui me tient lieu de fond.

 

Je suis la roche dure.

Parfois je disparais

Sous les mousses éructantes

Des colères assassines

De l’océan bavard,

Destructeur et violent.

La fureur n’a qu’un temps,

Elle s’épuise et se ruine

A son propre désarroi.

Elle n’a servi à rien

Qu’à se trouver elle-même

Belle parmi les belles,

Fascinée d’inutile,

Et vide de tout lien.

 

Je suis la roche dure,

Et je ris de savoir

Qu’un matin de soleil,

Le corps nu d’une femme

Viendra me recouvrir

De son sommeil de soie.

Je glisserai mon âme,

Ma douceur et ma joie

Au creux chaud de ses reins.

Femme parmi les rochers,

Que ma force de pierre

Te montre ton chemin..

1 : C’est une plume

Suspendue

Au silence

De la vie.

 

Elle allume

Sous la lune

La bougie

De la pluie.

 

2 : C’est une plume

Se cherchant

L’aile douce

D’un enfant.

 

Elle descend

Doucement

Sur ses yeux

Endormants.

 

3 : C’est une plume,

Le duvet

D’une chouette

De chevet

 

Elle rêve

De chaleur

Dans la couette

De la nuit.

 

4 : C’est une plume

Le corps beau

Ebloui

De couleurs

 

Elle aimerait

Légèrement

Repartir

En arrière.

 

5 : C’est des plumes

Hésitant

Dans le vent

De nos peurs.

 

Sans bruit elles

Pèsent sur tous

Les grands bonds

De nos cœurs.

 

6 : C’est une plume

Equilibre

Sur le fil

De l’amour

 

Elle chatouille

Elle effleure

Elle merveille

Nos tambours.

 

7 : C’est une plume

Suspendue

Au silence

De la vie.

 

Elle allume

Sous la lune

Nos secrets

Endormis.

bottom of page